Créateurs d'innovation
04/06/2024
Atil : des solutions d’emballage conçues pour le recyclage
Fondée en 2022, la société Atil* s’est donnée pour mission de réconcilier les usages et les ressources en développant des solutions d’emballage innovantes à partir de fibres végétales. Convaincu de la nécessité de (re)valoriser la filière packaging innondée par le « tout plastique » , Christophe Philippe nous parle circuit court, chanvre et fibre de celullose, recyclabilité et règlementation.
Du sur-mesure à destination des industriels
Chez Atil, un précepte s’applique en matière de produit d’emballage : répondre aux enjeux des industriels tout en ayant le moins d’impact possible sur le plan environnemental.
Ici, on oublie la formule « taille unique » qui sied à tout le monde (et finalement à personne). Place au sur-mesure au plus près des besoins du client !
« L’emballage est spécifique selon la nature du produit. Pour le secteur agro-alimentaire, principal marché industriel ici en Bretagne, il faut être en capacité de proposer un packaging qui puisse conditionner des produits alimentaires », nous explique Christophe Philippe, dirigeant d’Atil. Un challenge d’un point de vue technique et règlementaire.
Pas de quoi effrayer l’ingénieur matériaux qui a développé au fil du temps une expertise en matière de packaging ! Design, prototypage, production… Chaque étape de conception de l’emballage suit un cahier des charges précis élaboré avec le client. Actuellement hébergée au sein de l’entreprise Socomore à Vannes, Atil a investi dans une ligne de production dans le cadre de sa phase de faisabilité de process.
« Nous souhaitons être en capacité de produire des toutes petites séries, en nous adaptant aux besoins des marchés, comme le luxe, la cosmétique. En parallèle, nous avons à coeur de répondre aux enjeux environnementaux liés à la gestion de la fin de vie des emballages tout en apportant, distinction, élégance, savoir-faire en design et appétence au produit ».
La transition de solutions d’emballage faiblement recyclables et ou très consommatrices de ressources vers des solutions très challengées et qui tiennent compte des ressources disponibles ne pourra s’effectuer que si celle-ci tient aussi compte du consommateur. Le consommateur veut agir pour l’environnement, mais ne le fera que si l’emballage démontre sa vraie valeur environnementale et si celui-ci satisfait ses attentes à l’usage.
On recycle, on composte…
Emballer c’est bien, le faire de manière responsable, c’est mieux ! « Incontournable » même, selon Christophe. « D’ici 2040, l’utilisation du plastique à usage unique devra disparaître ». Selon le dirigeant, il faut distinguer deux aspects : le réemploi et la recyclabilité des emballages.
« Le packaging à la durée de vie très courte (usage unique) ne doit pas/plus être l’affaire du plastique, grand pollueur de nos sols et des océans. Les matériaux biodégradables ou recyclables à l’instar des fibres végétales sont, quant à eux, à valoriser dans cette logique d’emballage à usage unique, notamment pour les secteurs agro-alimentaire ou cosmétique ».
Mais attention à ne pas faire d’amalgame : entre des plantes annuelles donc renouvelables et une fibre issue du bois qui aura mis 30 ans a être produite, il faut faire des choix judicieux et cohérents.
Une question d’équilibre du vivant, valeur chère à l’entreprise qui opte pour des plantes cultivées localement et vertueuses pour les sols. « On utilise notamment le chanvre qui possède des qualités multiples d’un point de vue agrologique. Pour nos packagings, nous avons également fait le choix d’exploiter des cultures non nourricières ».
Une fois les fibres récoltées, elles sont transformées en cellulose moulée selon des procédés de production restés confidentiels. « In fine, nos emballages papier-carton détiennent l’un des meilleurs taux de recyclabilité en France et en Europe », confie Christophe. Pari réussi ! La jeune société mise sur un fort développement sur les mois à venir avec une montée en puissance en 2025.
*Atil signifie Terre fertile en breton.
Atil est accompagnée dans son développement par Fanny de Lagausie, Chargée de mission innovation chez Vipe. L’entreprise dont le siège social est situé sur le territoire d’Auray Quiberon Terre Atlantique a obtenu un PIA4 avec BpiFrance ainsi qu’un Pass Invest TPE financé par la Région Bretagne en 2023.
Pour aller plus loin :
Plastique : le mal-aimé omniprésent
Soucieux de contribuer au développement d’un modèle d’économie circulaire au niveau local, Christophe Philippe n’en demeure pas moins lucide face aux quantités astronomiques de plastique produites chaque année à des fins d’emballage. « C’est une industrie en place depuis longtemps qui affiche un très mauvais taux de recyclabilité », commente le dirigeant.
Les solutions vertueuses peinent à émerger en faveur de l’emballage plastique. Mais Christophe en est convaincu : le plastique a des atouts en matière de réemploi. « Je ne pense pas qu’il faille diaboliser le composant plastique. Il y a de la place pour tout le monde en matière de packaging et d’emballage ». Question d’équilibre entre les ressources et les usages…
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