Créateurs d'innovation
19/02/2024
Ça mord à l’hameçon chez Rodhouse
Avoir une passion et en faire son métier… Ancien pêcheur de compétition, Goulven Dolle s’est lancé il y a 13 ans dans le commerce en ligne de cannes à pêche haut de gamme sur mesure. En 2024, il ajoute une nouvelle brique à son activité avec le développement d’un volet R&D et le lancement d’un cycle de formations sur les routes de France.
Des bords de l’eau à la création d’une entreprise pure player
Il fait partie de ceux qui ont débuté leur business dans leur garage… juste après avoir embrassé une carrière professionnelle dans l’artisanat et l’assurance… « J’exerçais en tant que charpentier avant de créer l’entreprise Rodhouse, commente Goulven, j’ai vendu mon bateau pour financer le projet. C’était une vraie prise de risque, personne n’y croyait. »
Pourtant, l’entrepreneur s’accroche et développe progressivement un marché de niche quasi inexistant en France : le rodbuilding. Ou l’art de construire sa propre canne à pêche.
Pour avancer, il faut bien entendu être déjà affûté dans le domaine, tout en ayant le regard tourné outre-atlantique.
« Le rodbuilding est une activité populaire aux Etats-Unis. Il y existe de nombreux salons dédiés, explique le dirigeant. Je m’inspire beaucoup de ce qui s’y fait. Mes fournisseurs et les usines de fabrication de composants proviennent essentiellement de là-bas. »
Au départ, il aura fallu convertir les copains pêcheurs au rodbulding. De ce marché d’ultra passionnés, on retient la capacité à créer sa canne à pêche personnalisée à partir de matériaux techniques performants. « Prenons l’exemple des anneaux qui composent la canne à pêche. Le rodbuilder va pouvoir aisément s’équiper avec des anneaux de petites tailles qui ont l’avantage d’être plus légers, mais avec lesquels il est nécessaire de maîtriser la technique des noeuds, contrairement aux plus gros anneaux. »
Aujourd’hui, grâce à son site de vente en ligne, Goulven compte une communauté de rodbuilders un peu partout en Europe*. « Ses supers ambassadeurs » comme il les appelle, lui permettent de rayonner, en pure player internet, de l’Italie jusqu’à la Finlande…
Au contact d’une communauté de rodbuilders
Son mode de distribution 100% digital, Goulven le revendique pleinement, tout en en voyant les limites. « Il est aussi important de pouvoir aller sur le terrain pour rencontrer et échanger avec les passionnés, reconnait l’entrepreneur dont les locaux sont installés à Sarzeau.
« Là également, je me suis inspiré de ce qui se fait aux Etats-Unis où l’aspect formation est très présent. »
Il n’en faut pas moins à Goulven pour se lancer sur les routes de France à la rencontre de la communauté de robuilders. « C’est un projet qui est dans les tuyaux depuis un an et qui se concrétise en ce début d’année 2024 ».
Concrètement, Goulven se déplace au sein des différentes fédérations et clubs de pêche « là où les communautés de rodbuilders sont présentes ». Il y propose des ateliers de formation de 10 personnes maximum pour apprendre à monter soi-même sa canne à pêche.
« L’idée est de pouvoir réfléchir et comprendre comment fonctionne le matériel, d’avoir une approche design, commente Goulven. A l’issue de la journée de formation, la personne repart avec sa canne à pêche. » Une vraie révélation pour l’expert qui y voit l’occasion de transmettre et d’incarner sur le terrain les valeurs du rodbuilding.
Une pêche raisonnée parfois contestée
« Dans notre activité, 90% des prises sont remises à l’eau », revendique Goulven.
Car malgré l’imaginaire collectif du pêcheur « viandard » à la recherche de grosses touches, la pêche des rodbuilders se dit soucieuse de la gestion de la ressource.
« Nous n’avons pas attendu la prise de conscience écologique généralisée pour pratiquer une pêche raisonnée de double maille, ajoute l’entrepreneur. On ne touche pas aux petits poissons, ni aux plus gros qui se reproduisent. »
De même, ici pas d’appâts vivants au bout de la ligne, la pêche au leurre se pratique avec des appâts artificiels en plastique ou en métal. Entre lifestyle identitaire et expertise technique de son métier, Goulven continue de mener sa barque avec autant de passion, entouré désormais de 12 collaborateurs, avec dans sa sacoche, des projets d’innovation autour des matériaux et de l’ergonomie de produits. Affaire à suivre en eau douce…
Rodhouse est accompagné dans son développement par Fanny de Lagausie, chargée de mission à la technopole et soutenue par BpiFrance et la Région Bretagne dans le cadre d’une aide à la faisabilité dans le cadre d’un projet de R&D en collaboration avec l’ICAM de Vannes.
*Fin 2022, Rodhouse a levé 1,3 millions d’euros afin d’accrôitre son développement en Europe auprès de Bretagne Sud Angels, du Crédit Agricole du Morbihan et de Mer Invest, un fonds géré par la Banque Populaire Grand Ouest.
Crédits photos : Rodhouse
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