Marine Weather Intelligence : le routage maritime à l’heure de l’IA

Christian Dumard, ancien navigateur, compte aujourd’hui parmi la « fine fleur » des routeurs météo français. Basile Rochut, de 30 ans son cadet, passionné de course au large et d’aérospatial, le rejoint au sortir de ses études d’ingénieur en tant que data scientist en 2022 pour fonder Marine Weather Intelligence (MWI). Rencontre avec un duo d’entrepreneurs chevronnés qui ouvre la voie vers un routage maritime innovant.

Routage maritime, quésako ?

Christian : Le routage consiste à trouver la route optimale pour se rendre d’un point A à un point B, en tenant compte de différentes composantes en mer, notamment les conditions météo, les courants océaniques, les rafales de vent… Chaque calcul diffère selon la typologie du bateau.

Basile : Pour une course au large, l’optimisation de la route sera calculée au regard de la vitesse. En plaisance, le critère N°1 reste la sécurité avant tout. Notre objectif est d’améliorer la qualité des routages et des routes proposées à nos clients avec des analyses très pointues.

Quelle est la valeur ajoutée de MWI en matière de routage et d’analyse météo ?

Basile : Désormais, nous pouvons avoir à disposition une profusion de données qui influent sur les calculs de routage. Il est de plus en plus difficile pour le météorologiste de traiter efficacement ces informations. Nos outils visent à automatiser ces calculs grâce à l’intelligence artificielle.

Christian : On touche en effet aux limites du bulletin météo classique traditionnel. Avec MWI, l’objectif est de traiter davantage de données le plus rapidement possible pour offrir une expertise très poussée, notamment en cas d’alertes liées à des conditions extrêmes en mer.

En quoi votre activité contribue à décarboner le transport maritime ?

Basile : Les technologies issues de nos travaux de R&D nous permettent d’améliorer significativement la sécurité des navires en haute mer. Décarboner le transport maritime constitue aussi l’un des enjeux principaux de notre activité. MWI sera en capacité de proposer des trajets qui réduisent la consommation des bateaux en leur permettant de mieux adapter leur vitesse à l’ensemble des variables prises en compte (température, hauteur, courant…).

MWI cible tout type de navigation. Sur tous les océans ?

Christian : Nous réalisons 50% de notre chiffre d’affaires à l’étranger. Basée à Auray, MWI n’a pas de limites géographiques et ambitionne de router les navires sur toutes les mers du globe. La France n’est pas notre cible principale même si nous espérons être dans la course pour le prochain Vendée Globe en 2024. La demande étrangère se porte principalement sur le convoi et quelques courses au large. Côté plaisance, la clientèle reste encore très française pour des transats de particuliers vers les Antilles par exemple.

Quels sont vos projets à venir ?

Basile : MWI vient de décrocher le 1er prix du concours Octo’Pousse 2023 lancé par l’Ifremer. En tant que lauréate, notre société va travailler en collaboration avec l’Ifremer pendant 18 mois, dans deux de ses laboratoires de recherche (apport financier du concours estimé à 250 000€). Ce 1er prix nous permet d’amorcer une dynamique de développement capitale pour la suite.En tant que lauréat, notre société vient de décrocher un contrat Ifremer de 18 mois pour développer l’un de nos axes de recherche, la mise à disposition d’un de leur labo une fois par semaine et un apport financier conséquent (au total 250 000€). Ce 1er prix nous permet d’amorcer une dynamique de développement capitale pour la suite.

Christian : Avec l’arrivée du haut débit en mer, notre activité va également évoluer. Nous allons pouvoir créer une plateforme en SaaS (Software as a service) avec un abonnement accessible par Internet. Nos clients pourront y retrouver directement l’ensemble des éléments de routage, positionnement etc… Les briques R&D que nous développerons pourront intégrer la plateforme au fur et à mesure.

Basile : Autre bonne nouvelle : MWI recrute ! Deux postes permanents en tant que développeur et data scientist, ainsi que trois stages de 6 mois sont à pourvoir à Auray dès que possible. Nos offres sont à retrouver sur notre site.

Christian : La fin de l’année 2023 s’annonce vraiment bien chargée (rires)! Et c’est sans compter notre volonté d’intégrer l’incubateur de l’Agence Spatiale européenne, l’ESA-BIC*. Intégrer cet incubateur nous permettrait d’accéder à un réseau de chercheurs et d’entreprises issus du spatial, secteur sur lequel notre activité est en prise à travers les nombreuses données provenant des images satellites.

Créée en mars 2023, Marine Weather Intelligence bénéficie de l’accompagnement expert et bienveillant de Caroline Cario, Chargée de mission innovation chez Vipe.

* L’ESA BIC Nord France fait partie du réseau des Business Incubation Centres (BIC) mis en place et soutenus par l’Agence Spatiale Européenne (ESA) . Ils forment le plus grand réseau de startups liées au spatial dans le monde. Il est coordonné par les 7 Technopoles de Bretagne et celles des Pays de la Loire et est financé par le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES).

Découvrez l’ensemble des « Créateurs d’innovation » accompagnés par Vipe