Créateurs d'innovation
14/10/2024
Switch : vers un avenir décarboné en mer
C’est ce qu’on appelle ne pas avoir froid aux yeux ! Après avoir passé 17 ans en Chine à la tête d’un chantier naval innovant, Gildas OLIVIER, de retour en France, part à la conquête du marché européen en matière de propulsion électrique. Bienvenue chez Switch, future pépite française de la décarbonation maritime, hébergée à la pépinière d’entreprises Créalis à Vannes.
Gildas, quel a été ton parcours avant de créer Switch ?
Je suis passionné par la voile et l’ai beaucoup pratiqué en compétition durant mes études à l’INSA de Rouen. Je suis ensuite parti en VIE en Chine. Au bout d’un an, en 2005, j’ai décidé d’y créer ma propre entreprise, ODC Marine, spécialisée dans la conception et la fabrication de bateaux en aluminium.
En complément des modes de propulsion thermique, nous développions des solutions électriques et hybrides. Cela représentait environ 1/3 de notre production. Je suis rentré en France avec ma famille il y a 2 ans.
Un retour essentiel si je souhaitais pouvoir capter le marché français en matière de décarbonation des navires.
L’électrification des bateaux, c’était un sujet plutôt avant-gardiste au début des années 2000 …
Selon moi, pour beaucoup d’applications, le thermique est un non sens énergétique, de par sa complexité et son rendement qui reste discutable. Sans compter que je ne supporte pas le bruit d’un moteur thermique, sur terre, en mer… Je suis passionné par les différentes sources d’énergie, l’optimisation du rendement et puis il y a aussi l’héritage que je souhaite laisser à mes enfants. A Dalian, en Chine, j’électrifiais 2 à 3 bateaux par an pour le marché français. C’est bien, mais cela ne va pas changer la face du monde.
C’est pour cela que de retour en France, je souhaitais monter une boite avec un business model basé sur des valeurs qui me sont propres. C’était important pour moi de faire des choix responsables : produits propres, process d’assemblage sur place, sélection de prestataires qui deviennent des partenaires…
D’où Switch…
J’ai senti qu’il y avait une place à prendre dans le domaine de la propulsion électrique avec batterie lithium. Sur le marché français, plus de 2000 bateaux sont concernés dans le périmètre de Switch : le transport maritime et les équipements portuaires.
Ma proposition repose sur un package global avec un kit complet comprenant des composants plug and play : moteurs électriques, parc batteries, ordinateur de bord, connectivité… L’offre comprend également la prestation d’installation avec des partenaires, l’homologation ainsi qu’une aide dans le montage des dossiers de subvention.
C’est une solution électrique clé en main qui facilite le pilotage du bateau par nos clients et qui garantit sa fiabilité essentielle pour les applications commerciales.
Quelle est ta différenciation par rapport à la concurrence ?
Mes concurrents proposent certaines intégrations intéressantes, mais pas le package global. Ils sont aussi moins expert dans la construction navale et les spécificités associés aux navires. Aujourd’hui, il y a une attention particulière qui est portée sur les motorisations électriques. Dans le secteur maritime notamment, les modèles de batterie doivent reposer sur des normes de sécurité face aux risques d’incendie, d’envahissement (eau), ainsi que par rapport aux problématiques d’encombrement.
De ce point de vue, on a travaillé sur un produit de qualité qui est aujourd’hui certifié et breveté. Et concernant le risque d’emballement thermique des batteries, nous avons développé un procédé de refroidissement qui leur permet de « baigner » dans une huile diélectrique et donc de limiter la menace de surchauffe et de faire des charges rapides.
En cette fin 2024, le carnet de commandes de Switch commence à se remplir ?
Oui, pour la fin d’année, nous devons équiper deux navires dont un pour la ville d’Evian au bord du lac Léman. Nos protos sont lancés et déjà de nombreux projets sont en discussion pour Switch, pour un montant total avoisinant les 3 millions d’euros. Je suis plutôt confiant de ce côté-là dans la mesure où mes anciens clients d’ODC Marine ont pour la plupart une grande majorité de leurs navires à décarboner.
Le marché est là pour le moment, c’est une réelle bouffée d’oxygène pour lancer l’activité.
Quelles sont tes projections pour l’avenir ?
Actuellement je suis le seul actionnaire. Ce qui me permet de faire mes propres choix, de rester ouvert aux rencontres et effets d’opportunités qui peuvent se présenter pour l’entreprise.
Au delà des nouvelles briques techno que je souhaite développer dans les années à venir, je mise sur la constitution d’un réseau de partenaires un peu partout en France afin de bénéficier de distributeurs sur les principales zones maritimes françaises. D’ici 2030, j’aimerai pouvoir compter parmi les acteurs majeurs en Europe en matière de décarbonation maritime. Avant tout, je souhaite développer une entreprise à impact sur le territoire.
Switch est accompagnée dans son développement à la Technopole par Caroline Cario. L’entreprise a d’ores et déjà bénéficié d’une aide à la faisabilité de Bpifrance de 50 000€, d’un prêt PHAR de la Région Bretagne de 45 000€, ainsi que d’un prêt d’honneur d’Initiative Vannes d’un montant de 15 000€
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